Trop de femmes, pas assez d’époux
Il est marié à une autre aussi.
On m’avait dit : « C’est la coutume, tu verras, tu t’y feras. »
Mais moi, je ne m’y fais pas.
Je partage un homme. Mais pas son cœur.
Je suis la deuxième. Ou la troisième. Parfois, je ne sais même plus.
Je ne juge pas la polygamie.
Mais je ressens l’absence, la comparaison, la solitude quand il dort ailleurs.
J’ai besoin d’être regardée comme une femme entière.
Pas une part. Pas une option.
Je suis croyante. Mais je suis aussi humaine.
Et mon cœur, lui, ne s’est jamais habitué.
Au début, je croyais que je pouvais composer.
Qu’en tant que deuxième épouse, j’aurais ma place.
Un foyer, du respect, des repères.
Mais la vérité, c’est que je suis devenue une option.
On me prévient la veille pour le lendemain.
On passe. On repart. Et parfois, on ne revient pas.
Le pire, ce ne sont pas les absences.
C’est la sensation d’être une étape, un passage, une parenthèse.
Trop de femmes sont passées avant moi.
Et certaines ne laissent que le vide… ou les dettes.
On dépouille l’amour, on dépouille la maison.
Les promesses tombent avec les rideaux.
Et toi, tu restes là, à réparer ce que tu n’as jamais cassé.
Moi, j’ai construit sans savoir que d’autres détruisaient.
J’ai aimé dans un système qui m’a abîmée.
Et quand j’ai levé la tête, il n’y avait plus d’époux.
Juste un homme ailleurs, un homme pour d’autres.
Aujourd’hui, je ne réclame plus.
Je ne cours plus après les jours pairs ou impairs.
Je ne veux plus partager ce que je donne en entier.
Je mérite un amour qui ne s’éparpille pas.
Un respect qui ne se divise pas.
Un chez-moi qui ne soit pas à tour de rôle.
Fatim traoré
Concepteur