Une fausse couche, et puis le silence

J’étais enceinte.
Et puis, je ne l’étais plus.
Il n’y a pas eu de grand fracas. Juste un peu de sang. Un peu de doute.
Puis une échographie. Et ce silence, immense. Celui de l’écran vide.
Je ne savais pas que le vide pouvait faire aussi mal.
Je ne savais pas qu’on pouvait pleurer quelqu’un qu’on n’a jamais tenu.
Je ne savais pas que le monde pouvait continuer de tourner, alors que le mien venait de s’effondrer.
On m’a dit que “ça arrive à une femme sur quatre”.
Mais je ne suis pas une statistique.
Je suis une femme qui a perdu un bébé.
Un rêve. Une projection. Une maternité déjà en marche.
J’aurais aimé qu’on me parle. Qu’on me prenne la main.
Qu’on m’autorise à pleurer ce tout-petit que personne ne verra jamais.
J’aurais aimé qu’on reconnaisse ce chagrin, ce deuil silencieux que tant de femmes portent seules.
Alors aujourd’hui, je parle.
Pour celles qui n’osent pas.
Pour celles qui ont mal, en silence.
Pour dire que c’est réel. Que c’est légitime.
Et que non, on n’est pas seules.

Fatim traoré
Concepteur